Ces membres pas comme les autres : tour d’horizon des profils atypiques dans les clubs d’échecs de Pertuis

14/07/2025

L’autodidacte : le « bricoleur » du roi

Les clubs d’échecs fourmillent d’autodidactes, ces joueurs qui, animés par la curiosité, sont venus à la pratique sans passer ni par l’école du club, ni par les tournois scolaires, ni par les grandes lectures théoriques. Leur terrain d'entraînement, c’est souvent Internet — et dans la région, certains sont devenus de véritables légendes locales.

Ainsi, l’un des membres bien connus du club de Pertuis, qu’on appellera ici « Thierry », a tout appris en étudiant des parties sur lichess.org et YouTube (chaînes de Blitzstream ou Kevin Bordi en tête). Sans jamais avoir suivi de cours, il s’est hissé en à peine trois ans parmi les dix meilleurs Elo du club. Son secret ? La passion, l’expérimentation, et une capacité peu commune à détecter les failles dans la position adverse… quitte à jouer des coups parfois improbables, qui laissent les puristes pantois mais se révèlent redoutablement efficaces.

  • Cet esprit « bricoleur », dont la progression sort des sentiers battus, apporte une fraîcheur indéniable à la salle de jeu.
  • Ces profils sont souvent moteurs de nouvelles idées lors des analyses collectives.
  • Ils prouvent que la réussite aux échecs ne passe pas forcément par un cursus classique : selon une étude Chess.com, 27 % des joueurs de clubs français de moins de 35 ans ont commencé sans entraîneur ni club structurant au départ !

Les « late bloomers » : seniors, retraités, et autres revenants

Le jeu d’échecs est souvent abordé comme un loisir de jeunesse ou comme une vocation précoce. Pourtant, depuis la montée en popularité des plateformes en ligne, nombre de seniors découvrent, redécouvrent, ou osent enfin franchir la porte du club. À Pertuis, on croise désormais chaque saison ces « late bloomers » — des joueurs (et joueuses !) aux cheveux gris, parfois retraités, pour qui les soirs au club sont synonymes de deuxième vie.

  • Cela se vérifie dans les chiffres locaux : sur les 41 licenciés du club pertuisien en 2023, plus de 20 % ont rejoint l’association après leur 60 anniversaire (source : Fédération Française des Échecs – FFE).
  • Le retour à la compétition (après plusieurs décennies d’arrêt !) est un phénomène croissant que remarquent également les clubs voisins de la région PACA, selon le journal La Provence (édition Vaucluse, mars 2024).

Ces nouveaux venus apportent avec eux une vision du jeu plus « patiente », souvent axée sur la stratégie à long terme plutôt que sur les coups tactiques fulgurants. Ils deviennent des animateurs précieux pour les analyses post-parties, suscitant souvent étonnement et admiration. Une participante venue du bridge témoignait récemment : « Je retrouve la même tension, mais ici, on manipule les pièces avec le même entrain qu’enfilant des perles ! ».

Les surdoués inattendus : les champions cachés de Pertuis

Parmi les profils atypiques, difficile de ne pas évoquer ceux qu’on surnomme entre membres « les Mozart de l’échiquier ». Ces talents précoces ne sortent pas forcément des circuits fédéraux de compétition. Ils surprennent par leur capacité à visualiser plusieurs coups d’avance et à bouleverser la hiérarchie établie, même sans bagage théorique très étoffé.

  • En 2022, un lycéen de Pertuis, Samuel (16 ans), a réussi à battre deux joueurs classés au-dessus de 1800 Elo lors d’un tournoi rapide local, alors qu’il s’était entraîné essentiellement en ligne et avec des livres récupérés en vide-grenier.
  • Ce phénomène se généralise : une enquête menée par le site jeu-echecs.com révèle une augmentation de 31 % en trois ans du nombre d’adolescents découvrant le jeu par eux-mêmes avant de rejoindre, parfois sur le tard, les clubs.

À Pertuis, ces « petits Mozart » ne font pas seulement parler d’eux en tournoi : ils sont souvent à l’origine d’ateliers de puzzles improvisés, ou de propositions de variantes ludiques (Chess960, blitz handicap…). Grâce à eux, l’apprentissage reste ludique, accessible, dynamique — une bonne piqûre de rappel que les échecs n’ont pas d’âge minimum (ni maximum) pour s’épanouir.

Les globe-trotteurs échiquéens : quand l’échiquier devient passeport

Il serait tentant de voir les clubs d’échecs du sud de la France comme des bastions de tradition locale. Pourtant, la diversité culturelle s’invite bel et bien jusqu’à la salle du club, parfois portée par des amateurs arrivés là au gré de leurs voyages. Du Cap-Vert à l’Ukraine, en passant par le Maghreb et l’Asie du Sud, certains membres du club de Pertuis ont fait découvrir des ouvertures, des styles ou même des anecdotes de lieux reculés.

  • En 2023, les clubs du Vaucluse comptaient, selon la FFE, plus de 15 % de licenciés étrangers ou binationaux, une proportion en hausse ces dernières années.
  • Certains membres, comme Ahmed (venu d’Algérie), participent à l’animation du club en proposant des soirées sur les variantes africaines comme la dame africaine.
  • Svetlana, tout droit débarquée de Kharkiv, a appris au club une saison à base de “mat des arabes” et de folklore échiquéen russe, une vraie ouverture d’esprit !

Cet apport multiculturel ne se limite pas à la curiosité : il enrichit considérablement le répertoire des autres joueurs, et donne parfois du fil à retordre aux stratèges les plus formatés. L’échiquier devient alors le terrain d’une fraternité au-delà des frontières, où chaque style se croise pour le plaisir du jeu.

Les profils « improbables » : parents accompagnateurs, sportifs convertis, créateurs invétérés

Dans la catégorie des profils qui déroutent (et fascinent), citons aussi :

  • Les parents-accompagnateurs devenus joueurs passionnés. Venant d’abord juste déposer leurs enfants au club, ils sont souvent piégés par le virus du jeu.
  • Les anciens sportifs : sachant canaliser l'énergie de la compétition, ils découvrent dans les échecs un terrain de défi mental tout aussi stimulant que le terrain de football ou la piste de course. Il n'est pas rare qu’ils « coachent » certains jeunes à l’approche d’un tournoi !
  • Les artistes et créateurs (sculpteurs, dessinateurs, musiciens), dont la sensibilité pour la beauté d’une combinaison rappelle que les échecs sont aussi un art. Un membre du club, céramiste à ses heures, a d’ailleurs conçu pour la salle une série de pièces d’échecs en argile, exposée lors de la récente Nuit des Échecs à Pertuis (source : La Provence, 22 mai 2024).

À leur manière, chacun insuffle des perspectives différentes au fonctionnement du club : discussions sur l’esthétique d’une partie, évocation de la dimension « sportive » de l’affrontement, échanges sur la gestion du stress et de la performance… Les soirées deviennent alors le reflet d’une communauté fortement hétérogène, à mille lieues des clichés du joueur d’échecs figé derrière ses lunettes.

Les acteurs de la « nouvelle vague » : influenceurs locaux, streamers et pédagogues 2.0

Une autre catégorie attire l’attention ces dernières années à Pertuis : celle des jeunes (et moins jeunes) qui font vivre les échecs hors des murs, via les réseaux sociaux et live streams. En 2024, le club de Pertuis compte dans ses rangs plusieurs adeptes du streaming (notamment sur Twitch et YouTube). Certains n’hésitent pas à partager leurs analyses SRG (Simple, Rapide, Glorieuse !) ou à organiser des sessions “Défi du Maître” en direct.

  • Hugo, 19 ans, quant à lui, a lancé une chaîne sur Instagram pour démocratiser les ouvertures agressives. Résultat : près de 3 500 abonnés « accros à la Scandinave » (source : Instagram, recherches locales 2024).
  • Depuis l’arrivée de ces communicants, les clubs de la région constatent une hausse de la fréquentation chez les moins de 25 ans : jusqu’à +18 % depuis 2022, selon les rapports annuels FFE.

Le dialogue entre générations s’en trouve renouvelé : les plus expérimentés se prêtent au jeu des interviews, les ados filment les blitz endiablés et la salle se transforme, certains soirs, en véritable plateau de talk-show miniature !

Et demain ? Des clubs d’échecs toujours plus ouverts

Les clubs d’échecs de Pertuis sont à l’image de la société qu’ils reflètent : ouverts, imprévisibles, et en perpétuelle transformation. Les profils atypiques, loin de n’être que des exceptions, sont devenus de véritables catalyseurs de convivialité et d’idées neuves. On y croise des informaticiens le jour et poètes la nuit, des sportifs en reconversion, des néophytes émerveillés, des seniors en quête de défis, et des enfants capables de réciter, les yeux fermés, la partie d’opéra de Morphy.

Avec l’essor du jeu en ligne, la vitalité associative du Sud et le regain d’intérêt pour les soirées à thème (de la simultanée déguisée au tournoi « pizza-blitz » !), il est fort à parier que de nouveaux profils atypiques ne tarderont pas à pousser la porte du club. Alors, la prochaine surprise ? Peut-être vous, ou la personne à côté de vous autour de l’échiquier…

Envie de (re)découvrir les échecs sous un autre angle ? Le club de Pertuis n’attend que de mettre une nouvelle histoire sur la case e4, et d’enrichir le jeu de la diversité de chacun !

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